Son origine, son histoire
Le mot « capoeira » vient de la langue tupi (langue indigène brésilienne) et signifie « herbe rase ».
Nul ne sait vraiment qui a inventé la Capoeira. Il semblerait que ce soit des esclaves venus d’Angola vers 1600 qui commencèrent à pratiquer la première forme de capoeira : un mélange de lutte, de danse et de rituels. Ce qui est sûr, c’est que les historiens décrivent les « capoeiras » dans leurs écrits dès le début du XIXème siècle. Ce sont des hommes agiles de leur corps, échappant à la police par des mouvements malicieux et dominés. Ils manient aussi les couteaux et les lames de rasoirs cachés dans leur foulard ou entre les doigts de leur pied.
Le phénomène devient un véritable problème à Rio de Janeiro entre 1800 et 1850. La police doit même, pour les combattre, se mettre à s’entraîner à la capoeira.
Gravure de Johann Moritz Rugendas, publiée en 1835
Avant toute chose, la capoeira était une lutte, une lutte pour survivre, que ce soit pour échapper à la police, ou pour se défendre au quotidien.
Dans la première moitié du XIXème siècle, le gouvernement brésilien envoya les prisonniers capoeiristes au front lors de la guerre du Paraguay car ils étaient doués au corps à corps. Celui qui en réchappait, avait gagné sa liberté.
La pratique de la Capoeira a été interdite en 1890, car il fallait éviter l’expansion de cette pratique que beaucoup utilisaient pour régler leurs comptes, ou commettre des délits.
Dans les années 1930, un homme qui aimait lutter, Manuel dos Res Machado, plus connu sous le nom de Mestre Bimba, ouvrit la première école de capoeira. Il avait appris la lutte africaine appelée « batuque », avec son père. Il intégra à la capoeira qu’il avait apprise avec les anciens des éléments de cette lutte et d’autres arts martiaux. Ce fut la première grande évolution de la capoeira : désormais il existait LA CAPOEIRA ANGOLA, la « capoeira mère », représentée par Vicente Ferreira Pastinha, connu comme Mestre Pastinha, celle qu’on apprenait dans la rue par les anciens et LA CAPOEIRA REGIONAL enseignée par Mestre Bimba, codée.
Mestre Bimba contribua à rendre la capoeira mieux connue et surtout respectée. Grâce à lui, le président Gétulio Vargas, reconnue la capoeira comme « sport national » en 1952.
De plus, le 12 juin 1996, l’Université Fédérale de Bahia décernait le titre honorifique de Docteur honoris causa à Manoel dos Reis Machado, Noir illettré, mort vingt-deux ans auparavant. A cette occasion, elle reconnut la capoeira comme « exercice symbolique de sagesse corporelle ancestrale » et célébrait Maître Bimba comme « acteur et promoteur de la culture afro-brésienne ».
Aujourd’hui, il existe des centaines d’école de capoeira, certaines ne pratiquent que la Capoeira Angola, et certaines que la capoeira regional, et certaines pratiquent les deux.
Mestre Bimba Mestre Pastinha
Sa pratique
La pratique de la capoeira comprend de nombreux aspects. Il y a la musique qui accompagne le jeu, fait par un orchestre décrit ci-après. Il y a le chant, chants populaires anciens ou chants nouveaux relatant l’histoire de la capoeira, des capoeiristes les plus connus ou transmettant une morale qui peut s’appliquer à la vie, ou encore donnant un message à un des capoeiristes présent dans la roda. Le jeu pendant lequel deux capoeiristes jouent ou s’affrontent selon les moments : il s’agit d’improviser avec les mouvements ou séquences de mouvements appris lors des entraînements, c’est un dialogue pendant lequel l’expression corporelle remplace le langage. Pendant le jeu chacun des joueurs va utiliser sa malice pour surprendre l’autre. Cela demande de la réactivité, le contrôle de son corps et des mouvements, de la créativité, de l’agilité, de la souplesse, de la stratégie.
Le pratiquant débutant peut entrer dans la roda dès les premiers cours. Ses mouvements ne seront pas précis ni très variés, mais il prendra du plaisir à ce jeu dansant. Plus le capoeiriste s’entraîne et joue, plus les mouvements seront dominés. Son expérience lui permettra d’adapter son jeu quand il joue avec des débutants, de manière à ce que ce dernier puisse développer son jeu ; quand il jouera avec quelqu’un de son niveau, il mettra tout en œuvre pour le surprendre de manière technique, gracieuse et légère ; quand il jouera avec un capoeiriste plus gradé, il veillera à ne pas lui manquer de respect tout en tentant d’accompagner le jeu plus expérimenté de son adversaire.